Investissement

Assurance Vie et Succession: Comprendre la Nouvelle Loi 2025

David Derhy
September 22, 2025
Votre assurance-vie, pilier de votre stratégie patrimoniale, est-elle à l'abri des nouvelles réformes fiscales ? Pensez-vous tout savoir sur son traitement en cas de succession ? Un projet de loi pourrait bien rebattre les cartes, notamment pour les patrimoines les plus importants. Comment cette réforme impacte-t-elle la transmission de votre capital ? Et surtout, quelles stratégies adopter dès aujourd'hui pour protéger vos proches et optimiser votre héritage ? Il est temps de faire le point sur ce qui change pour votre épargne.

Points clés à retenir

  1. La nouvelle loi fiscale 2025 propose un alourdissement de la taxation des gros contrats d'assurance-vie pour les versements effectués avant 70 ans, avec un barème progressif pouvant atteindre 45 %.
  2. L'assurance-vie conserve un avantage majeur en étant "hors succession" civile, permettant de désigner librement ses bénéficiaires et de bénéficier d'abattements importants (152 500 € par bénéficiaire).
  3. Les versements réalisés après 70 ans restent soumis à un régime spécifique, avec un abattement global de 30 500 € et une imposition classique des droits de succession au-delà.
  4. Pour sécuriser la transmission, il est conseillé d’optimiser les clauses bénéficiaires, de multiplier les bénéficiaires et d’envisager des rachats partiels ou donations avant la succession.
  5. La diversification patrimoniale, via donations ou investissements financiers, est essentielle pour anticiper la réforme et protéger efficacement son héritage face aux évolutions fiscales.

L'assurance-vie et la succession : les fondamentaux d'un duo gagnant

L'assurance-vie est depuis longtemps l'un des placements préférés des Français, et ce n'est pas un hasard. Au-delà de ses performances financières, elle brille par son statut juridique et fiscal unique en matière de succession. Le principe fondamental est simple : les capitaux transmis via une assurance-vie au décès du souscripteur sont considérés comme "hors succession". Concrètement, cela signifie que les sommes versées aux bénéficiaires que vous avez désignés n'entrent pas dans l'actif successoral à partager entre vos héritiers légaux.

Cette particularité, inscrite dans le Code des assurances, offre une liberté précieuse. Vous pouvez ainsi gratifier une personne qui n'est pas votre héritier direct (un ami, un neveu, une association) ou avantager l'un de vos enfants, sans que cela ne soit remis en cause par les règles de la réserve héréditaire (la part minimale d'héritage revenant aux enfants). C'est un outil puissant pour organiser une transmission sur-mesure, qui correspond précisément à vos volontés.

Cependant, l'affirmation "hors succession" peut être trompeuse si on ne la nuance pas. Si l'assurance-vie échappe en grande partie aux règles civiles de l'héritage, elle n'échappe pas totalement à la fiscalité. Elle bénéficie d'un régime fiscal propre, particulièrement avantageux, mais qui comporte ses propres règles, abattements et taux de taxation. Et c'est précisément ce régime fiscal qui est aujourd'hui au cœur des débats avec une proposition de nouvelle loi.

La nouvelle loi sur l'assurance-vie et la succession : ce qui pourrait changer dès 2025

Un amendement, adopté par les députés le 17 octobre 2025, vise à modifier en profondeur la fiscalité de l'assurance-vie en cas de décès pour les contrats les plus importants. Bien que ce texte doive encore être définitivement validé, il dessine les contours d'un nouveau paysage fiscal pour les épargnants. L'objectif affiché est d'aligner la taxation des très gros contrats sur le barème des droits de succession classiques.

Le nouveau barème de taxation pour les versements avant 70 ans

Actuellement, pour les sommes versées avant les 70 ans de l'assuré, chaque bénéficiaire profite d'un abattement de 152 500 €. Au-delà, un prélèvement forfaitaire de 20 % s'applique sur la part comprise entre 152 500 € et 852 500 € (soit 700 000 €), puis de 31,25 % pour le surplus.

La réforme propose de conserver l'abattement de 152 500 € par bénéficiaire, mais d'instaurer ensuite un barème progressif, similaire à celui des successions en ligne directe :

  • 20 % jusqu'à 552 324 € de capital transmis (après abattement)
  • 30 % de 552 324 € à 902 838 €
  • 40 % de 902 838 € à 1 805 677 €
  • 45 % au-delà de 1 805 677 €

Ce changement aurait pour conséquence une augmentation significative de la pression fiscale sur les transmissions de capitaux importants, avec un taux marginal pouvant atteindre 45 % contre 31,25 % aujourd'hui.

Tableau comparatif : Imposition d'un capital de 1 500 000 € transmis à un enfant

RégimeCapital transmisAbattementCapital taxableCalcul de l'impôtImpôt total
Actuel1 500 000 €152 500 €1 347 500 €(700 000 € x 20%) + (647 500 € x 31,25%)342 344 €
Nouvelle Loi1 500 000 €152 500 €1 347 500 €(552 324 € x 20%) + (350 514 € x 30%) + (444 662 € x 40%)393 484 €

Dans cet exemple, la réforme entraînerait un surcoût fiscal de 51 140 €. Pour un capital de 2 millions d'euros, les droits pourraient grimper de près de 200 000 €, remettant en question l'attrait de l'assurance-vie comme unique outil de transmission pour les patrimoines conséquents.

L'imposition des versements après 70 ans reste inchangée

Il est crucial de noter que cette réforme ne concerne que les capitaux issus de versements effectués avant les 70 ans de l'assuré. Pour les primes versées après cet âge, les règles actuelles resteraient en vigueur :

  • Un abattement global de 30 500 €, partagé entre tous les bénéficiaires et pour l'ensemble des contrats de l'assuré.
  • Au-delà de cet abattement, les sommes versées sont intégrées à la succession du défunt et soumises aux droits de succession classiques, selon le lien de parenté entre le défunt et le bénéficiaire.

À noter

Un avantage majeur subsiste pour les versements après 70 ans : seuls les capitaux versés (les primes) sont taxés. Tous les intérêts et plus-values générés par ces primes sont, eux, totalement exonérés de droits de succession. Cela reste une niche fiscale intéressante pour faire fructifier un capital et le transmettre.

Comprendre le mécanisme de la transmission en assurance-vie

Pour naviguer dans ce contexte en évolution, il est essentiel de maîtriser les rouages de la transmission. Le processus s'articule autour de deux acteurs clés : le bénéficiaire et l'assureur, avec parfois l'intervention d'un notaire.

Le rôle central du bénéficiaire

Le bénéficiaire est la personne (physique ou morale) que vous désignez pour recevoir les capitaux à votre décès. Son rôle est passif durant la vie du contrat, mais il devient central à son dénouement. Une fois le décès survenu et prouvé, il est celui qui perçoit les fonds et bénéficie du régime fiscal de l'assurance-vie.

Comment savoir si l'on est bénéficiaire ? L'information est confidentielle du vivant du souscripteur. Après le décès, si vous pensez être bénéficiaire mais n'avez pas été contacté, vous pouvez saisir l'AGIRA (Association pour la gestion des informations sur le risque en assurance). Cet organisme interrogera toutes les compagnies d'assurance pour retrouver un éventuel contrat à votre nom. La démarche est possible jusqu'à 10 ans après le décès.

Le processus de versement après un décès

  1. Information du décès : Les proches ou le notaire informent l'assureur du décès du souscripteur, en fournissant un acte de décès.
  2. Demande des pièces : L'assureur dispose de 15 jours pour contacter les bénéficiaires désignés et leur demander les pièces justificatives nécessaires (pièce d'identité, RIB, attestation fiscale, etc.).
  3. Versement des fonds : Une fois le dossier complet, l'assureur a un délai légal d'un mois maximum pour verser les capitaux aux bénéficiaires. Tout retard au-delà de ce délai entraîne des pénalités pour l'assureur, qui doit verser des intérêts sur le capital.

Stratégies d'optimisation face à la réforme fiscale

Face à ce durcissement potentiel, l'attentisme n'est pas la meilleure option. Il est possible d'agir dès maintenant pour anticiper les effets de la nouvelle loi et sécuriser la transmission de votre patrimoine. La clé réside dans l'optimisation de vos contrats actuels et, surtout, dans la diversification de votre stratégie patrimoniale.

Optimiser vos contrats d'assurance-vie existants

Plusieurs leviers peuvent être actionnés pour réduire l'impact fiscal futur :

  • Multiplier les bénéficiaires : L'abattement de 152 500 € s'applique par bénéficiaire. En désignant plusieurs personnes (enfants, petits-enfants...), vous multipliez d'autant le montant transmis en franchise d'impôts.
  • Soigner la clause bénéficiaire : Une clause bien rédigée est primordiale. Pensez à prévoir des bénéficiaires de second rang (au cas où le premier décéderait avant vous). Une technique plus avancée est le démembrement de la clause bénéficiaire : vous pouvez attribuer l'usufruit (le droit d'utiliser les fonds) à votre conjoint et la nue-propriété (la propriété du capital à terme) à vos enfants. Au décès du conjoint, les enfants récupèrent la pleine propriété sans droits supplémentaires.
  • Utiliser les rachats partiels : N'attendez pas la succession pour transmettre. Vous pouvez effectuer des rachats partiels sur votre contrat (en profitant de la fiscalité avantageuse après 8 ans) et donner les sommes de votre vivant via des donations manuelles.

Conseil d'expert

La clause bénéficiaire de votre assurance-vie n'est pas gravée dans le marbre. Revoyez-la tous les 3 à 5 ans ou à chaque changement de votre situation familiale (mariage, naissance, divorce). Une clause obsolète peut entraîner des conséquences fiscales et familiales désastreuses. Un conseiller patrimonial peut vous aider à rédiger une clause sur-mesure et sécurisée.

Diversifier pour mieux transmettre : les alternatives à l'assurance-vie

La nouvelle loi, si elle est adoptée, souligne plus que jamais l'importance de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. L'assurance-vie reste un excellent outil, mais elle doit s'intégrer dans une stratégie patrimoniale plus large.

  • La donation : De votre vivant, vous pouvez donner jusqu'à 100 000 € à chaque enfant tous les 15 ans, en totale franchise de droits. C'est un moyen très efficace d'anticiper sa succession et d'aider ses proches.
  • L'investissement sur les marchés financiers : Construire un portefeuille d'actifs diversifiés est une autre manière de préparer l'avenir. Au-delà de l'immobilier, les marchés offrent des opportunités pour faire croître un capital qui pourra ensuite être transmis.

Avec Goliaths, vous pouvez facilement mettre en place une stratégie de diversification. Notre plateforme vous donne accès à plus de 8 000 actifs, incluant des actions, des ETFs et des produits structurés. Vous pouvez commencer à investir dès 2 € sur une action, ce qui rend la constitution d'un portefeuille accessible à tous. Pour ceux qui cherchent à dynamiser leur patrimoine en vue d'une transmission future, nos produits structurés accessibles dès 150 € offrent une alternative intéressante aux fonds traditionnels. La diversification n'est plus réservée aux experts ; avec les bonnes ressources, comme notre Goliaths Academy, vous pouvez prendre en main la croissance de votre patrimoine.

Le mythe du "hors succession" : attention aux limites

L'adage "l'assurance-vie, c'est hors succession" doit être compris avec ses exceptions, car dans certaines situations, le capital peut être réintégré dans la succession.

La principale limite est celle des "primes manifestement exagérées". Si les versements que vous avez effectués sur votre contrat sont jugés excessifs au regard de votre âge, de votre situation patrimoniale et de vos revenus au moment du versement, les héritiers qui s'estiment lésés peuvent contester le contrat en justice. Si le juge leur donne raison, les primes jugées "exagérées" sont réintégrées dans l'actif successoral et partagées entre les héritiers, tout en étant soumises aux droits de succession classiques.

Attention

Le caractère "manifestement exagéré" est apprécié au cas par cas par les tribunaux. Il n'y a pas de règle chiffrée. L'idée est de sanctionner un souscripteur qui utiliserait l'assurance-vie dans le seul but de déshériter ses héritiers réservataires. Il faut donc veiller à ce que les versements restent cohérents avec votre train de vie et l'ensemble de votre patrimoine.

De plus, la confidentialité n'est pas totale. Le notaire en charge de la succession a l'obligation de déclarer à l'administration fiscale les contrats dont les primes ont été versées après 70 ans. Un héritier peut donc avoir connaissance de l'existence d'un contrat bénéficiant à un tiers par le biais de la déclaration de succession.

En conclusion, la potentielle nouvelle loi sur l'assurance-vie et la succession vient rappeler une règle d'or en gestion de patrimoine : l'anticipation. Loin de sonner le glas de l'assurance-vie, cette réforme invite les épargnants, surtout ceux disposant d'un patrimoine important, à repenser leur stratégie de transmission. L'heure est à l'analyse fine de vos contrats, à l'optimisation de vos clauses bénéficiaires et, plus que jamais, à une diversification intelligente de vos actifs. En combinant la souplesse de l'assurance-vie avec d'autres outils comme la donation et l'investissement sur les marchés, vous construirez une stratégie de transmission robuste, capable de s'adapter aux évolutions législatives et de protéger au mieux vos proches.

Questions fréquentes

La nouvelle loi sur la succession en assurance-vie est-elle déjà en vigueur ?

Non. Au moment de la rédaction de cet article, il s'agit d'un amendement adopté en commission à l'Assemblée Nationale le 17 octobre 2025. Il doit encore être débattu et voté en séance publique, puis passer par le Sénat. S'il est définitivement adopté, il pourrait s'appliquer dès 2025, mais le calendrier législatif peut encore évoluer.

Mon contrat d'assurance-vie actuel est-il concerné par la réforme ?

Oui, si la loi est votée en l'état, elle concernerait tous les contrats d'assurance-vie, quelle que soit leur date de souscription. La nouvelle fiscalité s'appliquerait aux capitaux versés au décès de l'assuré, pour les successions ouvertes après l'entrée en vigueur de la loi. Seuls les versements effectués avant ou après 70 ans déterminent le régime fiscal applicable.

Est-ce que l'assurance-vie reste un bon outil pour ma succession ?

Absolument. Même avec la réforme, l'assurance-vie conserve de nombreux atouts : l'abattement de 152 500 € par bénéficiaire reste un avantage fiscal considérable que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. De plus, son statut "hors succession" civile (liberté de désigner les bénéficiaires, pas de rapport à la succession) demeure intact. Elle reste un pilier de la transmission, mais doit être complétée par d'autres solutions pour les patrimoines très importants.

Comment puis-je savoir si je suis bénéficiaire d'une assurance-vie ?

Du vivant du souscripteur, l'information est confidentielle. Après son décès, vous pouvez contacter l'AGIRA (Association pour la Gestion des Informations sur le Risque en Assurance) via un formulaire en ligne ou par courrier. En fournissant l'acte de décès et vos informations personnelles, l'AGIRA se chargera de consulter toutes les compagnies d'assurance pour savoir si vous êtes bénéficiaire d'un contrat.

Le capital de l'assurance-vie peut-il être contesté par les héritiers ?

Oui, dans des cas précis. Si les héritiers réservataires (les enfants, principalement) estiment que les primes versées sur le contrat étaient "manifestement exagérées" par rapport aux revenus et au patrimoine du défunt au moment des versements, ils peuvent agir en justice pour demander la réintégration de ces primes dans la succession. La décision finale appartient au juge, qui apprécie la situation au cas par cas.

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À propos de l'auteur

David Derhy

Market Analyst

Entrepreneur de la finance digitale et analyste reconnu, David Derhy évolue depuis près de dix ans à la croisée des marchés financiers traditionnels et des actifs numériques. Passé par eToro, où il a contribué au développement du copy trading et de la crypto auprès du grand public, il partage aujourd’hui son expertise à travers des contenus pédagogiques sur le trading, l’analyse de portefeuille et les produits structurés. Fondateur d’Altfolio, un gestionnaire d’actifs Web3, il défend une approche innovante et accessible de l’investissement, mêlant rigueur financière, technologie décentralisée et stratégies collaboratives.

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