Investissement

Fiscalité des Bitcoins : Votre guide pratique pour déclarer et optimiser

David Derhy
October 21, 2025
Vous détenez des Bitcoins ou d'autres cryptomonnaies et la simple évocation du mot "impôt" vous donne des sueurs froides ? Vous n'êtes pas seul. La fiscalité des actifs numériques en France, bien que clarifiée depuis 2019, peut sembler être un labyrinthe complexe. Quand faut-il déclarer ? Quoi exactement ? Et surtout, comment calculer vos plus-values ou moins-values sans y passer des nuits entières ? Comment savoir si l'achat d'un café avec votre carte crypto a des conséquences fiscales ?

Points clés à retenir

  1. La fiscalité des cryptomonnaies en France repose principalement sur le Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) à 30 %, avec une option possible pour le barème progressif selon le profil fiscal.
  2. Les détenteurs doivent déclarer leurs comptes de cryptos à l'étranger via le formulaire 3916-bis et détailler toutes leurs cessions imposables avec le formulaire 2086.
  3. L’impôt se déclenche lors de la conversion en monnaie fiat ou de l'achat de biens/services avec des cryptos, tandis que les échanges entre cryptomonnaies ne sont pas imposables immédiatement.
  4. Le calcul des plus-values utilise une méthode spécifique basée sur la valeur globale du portefeuille avant chaque cession, nécessitant un suivi rigoureux des transactions.
  5. Des situations spécifiques comme le minage, le staking, les airdrops et les NFT ont des règles fiscales particulières à connaître pour une déclaration conforme et optimisée.

Pas de panique. Cet article est conçu pour être votre guide. Nous allons démystifier, étape par étape, les règles du jeu pour que vous puissiez aborder votre prochaine déclaration d'impôts avec sérénité et optimiser votre situation fiscale.

Comprendre le cadre fiscal des cryptomonnaies en France

La fiscalité des actifs numériques pour les particuliers est principalement encadrée par l'article 150 VH bis du Code général des impôts. Ce texte a instauré un régime spécifique pour les plus-values réalisées lors de la cession d'actifs numériques, comme le Bitcoin. L'imposition par défaut est le Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU), plus connu sous le nom de flat tax. Ce taux global de 30 % se décompose en deux parties : 12,8 % au titre de l'impôt sur le revenu et 17,2 % pour les prélèvements sociaux. C'est ce taux qui s'applique à la somme totale de vos plus-values de l'année, une fois vos moins-values déduites.

Cependant, la flat tax n'est pas une fatalité. Une des évolutions majeures récentes est la possibilité, pour les contribuables, d'opter pour l'imposition au barème progressif de l'impôt sur le revenu. Cette option peut s'avérer très avantageuse si votre Taux Marginal d'Imposition (TMI) est inférieur au taux de l'impôt sur le revenu du PFU (12,8 %), par exemple si vous êtes dans la tranche à 0 % ou 11 %. Attention, ce choix est global : il s'appliquera à l'ensemble de vos revenus du capital (intérêts, dividendes, etc.), pas uniquement à vos plus-values crypto. Une simulation est donc indispensable pour faire le bon choix.

Enfin, il existe un seuil d'exonération. Si le total des cessions imposables que vous réalisez sur l'année est inférieur à 305 €, la plus-value globale que vous réalisez est exonérée d'impôt. Cela ne vous dispense pas de l'obligation de déclarer ces opérations, mais vous n'aurez rien à payer.

Vos obligations déclaratives : Ne rien oublier

Détenir des cryptomonnaies implique deux obligations déclaratives distinctes et obligatoires. Les omettre peut entraîner des sanctions, il est donc crucial de bien les comprendre.

Déclarer ses comptes d'actifs numériques détenus à l'étranger

C'est souvent le premier oubli des investisseurs. Si vous détenez des cryptomonnaies sur une plateforme d'échange (un exchange) dont le siège social est situé hors de France (ce qui est le cas de la majorité des grandes plateformes comme Binance, Kraken, Coinbase, etc.), vous avez l'obligation de le déclarer. Cette déclaration se fait via le formulaire Cerfa n°3916-bis, une annexe à votre déclaration de revenus. Vous devez remplir un formulaire pour chaque compte ouvert, utilisé ou clos durant l'année.

Il s'agit ici de comptes dits "custodial", où la plateforme conserve les clés privées pour vous. A contrario, les portefeuilles dont vous détenez vous-même les clés privées (dits "non-custodial" ou "self-custody"), comme une clé Ledger, un wallet Trezor ou un portefeuille logiciel comme MetaMask, n'ont pas à être déclarés via ce formulaire.

Attention

L'oubli de déclaration d'un compte à l'étranger est sanctionné par une amende de 750 € par compte non déclaré, et de 1 500 € si le compte n'est pas déclaré sur plusieurs années. Ces montants peuvent grimper significativement si la valeur des avoirs sur le compte dépasse 50 000 €.

Déclarer ses opérations imposables

La seconde obligation consiste à déclarer toutes vos opérations imposables de l'année. C'est ici que le formulaire Cerfa n°2086 entre en jeu. Ce document est l'annexe où vous devez détailler, transaction par transaction, chaque cession imposable. L'administration fiscale ne se contente pas du montant final de votre plus ou moins-value ; elle veut connaître le détail de chaque opération qui a contribué à ce résultat. C'est un travail qui peut vite devenir fastidieux si vous avez de nombreuses transactions.

Le formulaire 2086 calcule ensuite automatiquement votre plus ou moins-value globale pour l'année, qui sera reportée sur votre déclaration de revenus principale (formulaire 2042 C).

Quand l'impôt se déclenche-t-il ? Les faits générateurs

C'est le point le plus important à maîtriser pour ne pas faire d'erreur. Toutes les transactions ne sont pas imposables. Le "fait générateur de l'impôt" ne se déclenche que dans des situations précises.

Les opérations suivantes sont imposables et doivent être déclarées :

  1. La conversion d'une cryptomonnaie en monnaie fiduciaire (fiat) : Vendre vos Bitcoins contre des euros, des dollars ou toute autre monnaie ayant cours légal.
  2. L'achat d'un bien ou d'un service avec des cryptomonnaies : Payer votre café, une voiture ou une commande en ligne avec des cryptos est considéré comme une cession imposable. La valeur de cession est alors la valeur en euros du bien ou service acquis. L'utilisation d'une carte de paiement crypto (type Crypto.com, Binance Card) génère une micro-cession imposable à chaque achat.

Plus simplement, l’impôt sur les cryptos se déclenche lorsque vous vendez ou échangez un actif numérique contre autre chose qu'un autre actif numérique.

À l'inverse, un principe de neutralité fiscale s'applique aux opérations suivantes, qui ne sont pas imposables au moment où elles sont réalisées :

  • L'échange d'une cryptomonnaie contre une autre : Échanger des Bitcoins (BTC) contre de l'Ethereum (ETH).
  • L'échange d'une cryptomonnaie contre un stablecoin : Vendre vos Bitcoins contre de l'USDT ou de l'USDC.

Ces opérations ne déclenchent pas d'impôt immédiat. La plus-value latente est reportée et ne sera imposée que lorsque vous convertirez finalement ces nouveaux actifs numériques en monnaie fiat ou les utiliserez pour un achat.

Le calcul des plus-values : une méthode spécifique

Oubliez la méthode FIFO (First-In, First-Out) ou LIFO. L'administration fiscale française a mis en place une formule de calcul unique et assez complexe, qui demande une rigueur absolue dans le suivi de votre portefeuille.

Pour chaque cession imposable, vous devez calculer la plus ou moins-value en utilisant la formule suivante :

Plus ou Moins-value = Prix de Cession - [ (Prix total d’acquisition) x (Prix de Cession / Valeur globale du portefeuille) ]

Décortiquons ces termes :

  • Prix de Cession : Le montant en euros que vous avez récupéré de votre vente.
  • Prix total d’acquisition : Le montant total en euros de tous les achats de cryptomonnaies que vous avez réalisés depuis le début, y compris ceux des cryptos que vous n'avez pas encore vendues. C'est la somme de tout le capital "fiat" que vous avez investi.
  • Valeur globale du portefeuille : La valeur totale en euros de l'intégralité de votre portefeuille de cryptomonnaies (tous comptes et wallets confondus) juste avant de réaliser la cession.

Conseil d'expert

Le point le plus difficile est d'évaluer la "valeur globale du portefeuille" à l'instant T de chaque cession. Cela implique de connaître la valeur de tous vos actifs, qu'ils soient sur des exchanges, des clés Ledger, en staking ou en farming. Un suivi méticuleux via un tableur ou un logiciel spécialisé est quasi indispensable pour ne pas faire d'erreurs.

Exemple de calcul

Imaginons un scénario simple pour illustrer :

  1. Achat initial : Vous achetez 1 ETH pour 2 000 €.
  2. Second achat : Vous achetez 0,5 BTC pour 20 000 €.
    • Votre prix total d'acquisition est de 2 000 + 20 000 = 22 000 €.
  3. Cession : Quelques mois plus tard, vous décidez de vendre l'intégralité de votre ETH.
    • Au moment de la vente, votre 1 ETH vaut 3 000 €. Votre 0,5 BTC vaut 25 000 €.
    • La valeur globale de votre portefeuille juste avant la cession est de 3 000 + 25 000 = 28 000 €.
    • Le prix de cession est de 3 000 €.

Appliquons la formule :

  • Fraction du capital initial imputée à la cession = 22 000 € x (3 000 € / 28 000 €) = 2 357 €
  • Plus-value = 3 000 € - 2 357 € = 643 €

Cette plus-value de 643 € sera imposée à 30 % (ou selon votre choix pour le barème progressif). Le suivi de vos transactions est la clé. En investissant via une plateforme comme la nôtre, qui vous donne accès à plus de 8 000 actifs, vous disposez déjà d'un historique clair de vos opérations d'achat et de vente, ce qui constitue une base solide pour retrouver les informations nécessaires à ces calculs.

Fiscalité des situations spécifiques : Au-delà de l'achat/vente

L'écosystème crypto est riche et toutes les opérations ne sont pas de simples cessions. Voici comment sont traitées les situations les plus courantes.

Revenus de minage et de staking

Les gains issus du minage de cryptomonnaies ou des récompenses de staking ne sont pas soumis au régime des plus-values lors de leur perception. Ils sont considérés comme des revenus et doivent être déclarés dans la catégorie des Bénéfices Non Commerciaux (BNC). Vous devez déclarer la valeur en euros de ces récompenses au jour de leur réception sur votre portefeuille.

Ce montant déclaré en BNC devient alors le prix d'acquisition de ces jetons. Si, plus tard, vous vendez ces jetons et réalisez une plus-value, cette dernière sera imposée classiquement via la flat tax de 30 %.

Airdrops et Play-to-Earn

La fiscalité de ces gains est plus nuancée.

  • Airdrops : S'il est totalement inattendu et reçu sans aucune action de votre part, il est souvent considéré comme acquis à titre gratuit (prix d'acquisition de 0 €). La plus-value sera donc maximale lors de la cession. Si l'airdrop est anticipé et résulte d'une action de votre part, il peut être requalifié en BNC, comme le staking.
  • Play-to-Earn : Si vous jouez à titre occasionnel, les gains (jetons, NFT) sont considérés comme acquis à titre gratuit. L'imposition se déclenche à la cession, sur la totalité du prix de vente. Si l'activité devient régulière et substantielle, elle peut être qualifiée de professionnelle et les gains relèvent alors du régime des BNC.

Le cas des NFT (Non-Fungible Tokens)

Le statut juridique et fiscal des NFT est encore en discussion en France. Il n'y a pas de texte de loi qui les vise spécifiquement. Cependant, l'interprétation majoritairement admise par les experts et l'administration fiscale est de les considérer comme des actifs numériques. À ce titre, ils suivent le même régime que les cryptomonnaies : imposition des plus-values à la flat tax de 30 % lors de leur cession contre des monnaies fiat ou un bien/service.

Évolutions et calendrier fiscal 2025

La fiscalité est un domaine en constante évolution. Chaque loi de finances peut apporter son lot de nouveautés.

Les nouveautés à connaître

Pour la déclaration 2025 (portant sur les revenus de 2025), les grands principes restent les mêmes que ceux décrits. Les deux changements majeurs des dernières années, qui sont désormais bien établis, sont :

  1. L'option pour le barème progressif : Offerte aux particuliers depuis le 1er janvier 2025, elle permet une optimisation fiscale significative pour les contribuables peu ou pas imposés.
  2. Le régime des professionnels : Les traders considérés comme professionnels voient leurs gains imposés dans la catégorie des BNC, et non plus des BIC (Bénéfices Industriels et Commerciaux) comme c'était le cas avant.

Le calendrier de la déclaration 2025

La campagne de déclaration des revenus 2025 aura lieu au printemps 2025. Bien que les dates exactes soient confirmées chaque année, le calendrier est généralement le suivant :

  • Ouverture du service de déclaration en ligne : Autour du 10-15 avril 2025.
  • Dates limites de déclaration en ligne (selon votre département de résidence) :
    • Départements 01 à 19 : Fin mai 2025 (ex: 22 mai)
    • Départements 20 à 54 : Fin mai / début juin 2025 (ex: 28 mai)
    • Départements 55 à 976 : Début juin 2025 (ex: 5 juin)
  • Date limite pour la déclaration papier : Fin mai 2025 (ex: 22 mai).

La fiscalité des Bitcoins et autres cryptos n'est pas une fatalité insurmontable. Elle exige de la rigueur, de l'organisation et une bonne compréhension des règles. Tenir un registre précis de toutes vos transactions (achats, ventes, échanges, récompenses) est la première étape vers une déclaration sereine. Chez Goliaths, nous croyons qu'un investisseur averti est un investisseur plus serein. C'est pourquoi, en plus de vous donner accès à un univers d'actifs allant des actions aux cryptos, nous mettons un point d'honneur à fournir des ressources éducatives, comme celles de notre Goliaths Academy, pour vous accompagner à chaque étape de votre parcours.

Questions fréquentes

Quelle est la différence entre la flat tax et le barème progressif ?

La flat tax (ou PFU) est un impôt à taux unique de 30 % (12,8 % d'impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux) qui s'applique sur vos plus-values, quel que soit le montant de vos autres revenus. Le barème progressif, lui, intègre vos plus-values à vos autres revenus (salaires, etc.). Le tout est alors imposé par tranches (0 %, 11 %, 30 %, 41 %, 45 %). Choisir le barème est intéressant si votre Taux Marginal d'Imposition (TMI) est de 11 % ou 0 %. Notez que les 17,2 % de prélèvements sociaux sont dus dans tous les cas.

Dois-je déclarer mes plus-values si le total de mes ventes est inférieur à 305 € ?

Oui, la déclaration reste obligatoire. Vous devez remplir le formulaire 2086 et y lister vos cessions. Cependant, si le montant total de ces cessions sur l'année ne dépasse pas 305 €, la plus-value calculée sera exonérée d'impôt. Vous déclarez, mais vous ne payez rien.

Est-ce que l'utilisation d'une carte bancaire crypto est imposable ?

Oui, absolument. Chaque paiement effectué avec une carte crypto (comme celles de Binance, Crypto.com, etc.) est considéré par l'administration fiscale comme une cession d'un actif numérique contre un bien ou un service. Il s'agit donc d'une opération imposable qui doit être déclarée individuellement sur le formulaire 2086. Cela peut vite générer un très grand nombre de transactions à suivre.

Comment puis-je simplifier le suivi de mes transactions pour ma déclaration ?

La clé est l'anticipation. Dès le début de l'année, utilisez un outil pour suivre chaque transaction : date, heure, type (achat, vente, échange), plateforme, prix et frais. Vous pouvez utiliser un simple tableur (Excel, Google Sheets) en le mettant à jour rigoureusement. Pour les investisseurs très actifs, des logiciels de suivi fiscal spécialisés (comme Waltio, Koinly) peuvent se connecter à vos comptes d'échange et wallets pour automatiser une grande partie du travail et générer les formulaires pré-remplis. Utiliser une plateforme comme Goliaths où vous centralisez une partie de vos investissements peut également aider à conserver un historique clair et accessible.

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À propos de l'auteur

David Derhy

Market Analyst

Entrepreneur de la finance digitale et analyste reconnu, David Derhy évolue depuis près de dix ans à la croisée des marchés financiers traditionnels et des actifs numériques. Passé par eToro, où il a contribué au développement du copy trading et de la crypto auprès du grand public, il partage aujourd’hui son expertise à travers des contenus pédagogiques sur le trading, l’analyse de portefeuille et les produits structurés. Fondateur d’Altfolio, un gestionnaire d’actifs Web3, il défend une approche innovante et accessible de l’investissement, mêlant rigueur financière, technologie décentralisée et stratégies collaboratives.

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